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The Magic of Flight by Michel Merle

The Magic of Flight by Michel Merle

Carnet de vol d'un pilote privé

Le GPS et la perte de puissance

Parmi les nombreuses choses apprises pendant un vol, la première me vient d'un vol que j'ai effectué en tant que passager avec mes amis pilotes, Bernard et Bruno.

 

Nous venions de décoller de Bastia-Poretta pour un vol vers l'Italie. De mémoire ce devait être pour un petit aérodrome sur la côte au nord de Pise, Massa. C'était une belle journée de septembre, très ensoleillée. Pour cette petite traversée maritime, nous ne volions pas très haut,  entre 2000 et 3000 pieds maximum. A cette altitude, il faut environ 6 minutes pour être à l'eau en cas de pépin.

 

C'était un de mes premiers vols vers l'Italie, en pays étranger. A cette époque j'étais encore loin de penser qu'un jour, moi aussi je serai pilote. J'étais donc en train de prendre des photos depuis la place arrière de ce PA28 de l'aéroclub de Bastia. Bernard était le pilote alors que Bruno était en place droite. Il devait effectuer le vol retour. Bernard assurait les communications radio avec le contrôleur en italien. Une chose que les pilotes corses ont l'habitude de faire. Le GPS avait été installé sur le tableau de bord à l'emplacement d'un instrument non installé, là où généralement il y a un VOR ou l'ADF.

 

Arrivés au nord de l'île d'Elbe, je fus soudainement effrayé de ne plus entendre le moteur tourner à son régime de croisière. La différence était telle que j'ai instinctivement cru qu'il s'était arrêté. L'instant me paru une éternité comme toujours dans un cas de détresse. Les deux amis devant se sont interrogés et ont appliqué immédiatement les vérifications d'urgence dans pareil cas. Manette de gaz à fond. Le GPS était tombé dans la cabine. Oups ! La manette de mélange était complètement baissé, vite, la remettre en position plein riche.

 

Le régime du moteur reprit alors un nombre de tour plus classique. Toute la puissance du moteur était disponible pour retrouver notre vol en palier. Le bruit était plus important, mais paradoxalement tout redevenait plus calme. Les quelques secondes écoulées pendant lesquelles nous étions tous en état d'excitation laissa la place à un gros soulagement. La situation pu dès lors être analysée plus sereinement.

 

Le GPS de Bruno comportait une ventouse qu'il utilisait pour poser l'appareil sur le tableau de bord entre les deux places avant. Ca lui permettait de lire les informations en même temps que le pilote. Juste au-dessus de la manette de richesse. Malheureusement la surface de la plaque bouchant l'orifice sur lequel se trouvait placée la ventouse était rugueuse. La ventouse a finit par lâcher, et le GPS et son support sont tombés sur la manette et l'ont ramené dans sa position étouffoir, c'est à dire plus d'air à mélanger avec l'essence. Le moteur s'étouffe dans ces conditions, la position porte bien son nom et c'est dans des cas pareils que les esprits sont marqués. Le moteur était sur le point de s'arrêter quand un des deux pilotes la remise dans la position opposée, réalimentant alors le carburateur et permettant au moteur de retrouver sa puissance dont on avait tant besoin pour rester en l'air.

 

Je remercie mes deux amis pour leur compétence et leur sang froid qui leur a permit de trouver très rapidement la source du problème et le corriger avant que le moteur ne s'arrête complètement même s'il aurait continué à tourner, entrainé par l'hélice. C'est aussi dans ce genre de situations que l'on est content de voler assez haut pour avoir le temps de redémarrer et d'avoir les quelques secondes nécessaires pour que le moteur puisse redonner sa puissance et permettre à l'avion de regagner une altitude plus sécurisante.

 

    tableau PA28arrow2

 

On voit sur cette image que sur un avion de type PA28 avec train rétractable, cinq manettes si elles se retrouvent en position basse entrainent une chute de vitesse plus ou moins importante. La manette avec bouton bleu est celle de réglage du pas d'hélice. Le plus grave étant comme on l'a vu la manette de richesse qui peut arrêter le moteur dans la position étouffoir. Mais une faible chute de puissance causée par l'actionnement de la réchauffe carbu peut-être aussi grave au décollage où la moindre perte peut mettre l'avion en facheuse posture.

 

Désormais les GPS que nous utilisons sont fixés fermement sur le volant ou collés avec la ventouse sur le coté gauche, loin d'une manette aussi importante que la richesse. Rien ne doit trainer sur le dessus du tableau de bord qui pourrait avoir un tel effet. Une caméra posée sur le tableau de bord qui dans une zone de turbulence tomberait sur une des manettes aurait le même effet.

 

Quant à la faible hauteur que nous sommes parfois obligés d'adopter pour passer sous les TMA d'approche des aéroports, ou que nous utilisons pour apprécier les paysages, il faut  sans cesse l'avoir à l'esprit et surveiller les paramètres moteur afin de réagir le plus tôt possible en cas d'apparition d'une anomalie.

 

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